UNE LUMIÈRE DANS LA NUIT par Thierry Bizot (le blog d'un catholique anonyme)
"Hier soir, j’ai été à un concert au Zénith. Nous étions six mille dans cette salle pendant près de trois heures, qui ont volé comme dans un rêve.
Quelque soit l’artiste sur scène, je suis toujours fasciné, et toujours ému, d’observer la comunion qui s’installe dans une salle de spectacle. Cela commence par de l’impatience partagée. Les spectateurs qui attendent que la lumière s’éteigne, tapent des pieds. D’abord de façon désordonnée, puis en rythme. On sent la grande vibration collective remonter le long de nos jambes, jusque dans la colonne vertébrale ; c’est un peu effrayant, et très beau aussi. On ressent alors physiquement combien on fait partie d’un tout.
Puis c’est le cri de joie, le chanteur apparaît, on reconnaît les premiers accords d’une chanson qu’on connaît tous, qu’on aime, puis la voix de celui qu’on est tous venus écouter.
Le spectacle est sur scène, bien sûr, mais aussi dans cette salle. L’artiste ne s’y trompe pas, du reste, il laisse chanter son public, il l’éclaire parfois pour le regarder, il se laisse gagner par son émotion.
Dans le bruit et la fureur, dans les mélodies et les larmes, dans le rythme et la joie partagée, je me sens transporté et touché par cette foule facétieuse, enfantine. Et je redeviens moi aussi un enfant. Je pense à des gens que j’aime, à certains qui ont disparu, il y a tout juste un an, et je pleure en silence.
Un peu plus loin, dans le silence de la nuit, des pélerins se relayent au Sacré Coeur, jour après jour, nuit après nuit, tour après tour, heure par heure depuis plus de cent vingt ans, pour adorer Dieu sans interruption et prier pour nous, prier pour cette foule heureuse et celles qui ne le sont pas, prier pour les gens de la rue et ceux qui gouvernent, ceux qui souffrent et ceux qui sont heureux, ceux qui vivent et ceux qui nous observent avec bienveillance dans la paix de leur mort.
Je suis heureux de faire partie de cette salle enthousiaste, d’en être ce soir.
Je suis heureux aussi de me sentir seul dans cette foule en délire et accompagné dans le silence d’une prière collective."
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